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Récits d'une trentenaire un peu perplexe

20 février 2018

Et un anniversaire de plus

   Tous les ans ça recommence. Et ceci revient bien trop vite à mon goût. Vous l'aurez compris, je fais parti des gens que ça gonfle un peu de fêter son anniversaire. C'est vrai, d'où vient cette idée bizarre de fêter notre vieillesse ? Quand on a 6 ans c'est mignon, mais après...

     Si certains aiment organiser une fête pour eux-même, ce n'est pas mon cas. L'idée d'inviter des personnes pour que je sois le centre de l'attention durant toute une soirée, je trouve ça étrange. J'espère toujours qu'on m'organise un anniversaire surprise, ça fait un peu moins ego trip. Je serai le centre de l'attention de la même manière mais au moins, ce ne sera pas de mon propre chef et ça, ça change tout... enfin je crois. D'autant que bien souvent, notre entourage a bien plus envie que nous de fêter cet événement. Ils nous tannent pour que nous organisions une fête en notre honneur. La vérité, c'est que tout le monde veut faire la fête mais personne ne veut se charger d'organiser. Et oui, nous somme tous de grosses feignasses phobique de l'organisation !

     Alors chaque année on s'y colle, par habitude, par narcissisme, par pression sociale... Et ça ne s'arrange pas avec les réseaux sociaux. Avant, on s'envoyait une carte postale : on mettait 3 semaines à la choisir, 2 heures à l'écrire. On faisait 14 brouillons, on l'écrivait d'abord au crayon pour pouvoir effacer, corriger, remplacer. Puis le stress de passer le petit mot au stylo bille, indélébile puis de l'envoyer à cette personne sur le point de commencer une nouvelle année de sa vie. On avait compté au préalable le nombre de jours, pour que cette surprise arrive au moment opportun et fasse son petit effet. Alors au moment de lâcher la précieuse enveloppe dans la petite boîte jaune, on priait pour qu'il n'y ait pas de grève de La Poste qui biaiserait cette perfection. On espère sincèrement que notre jolie carte arrivera le jour J, sans encombre et que son destinataire sera surpris, ravie, enchanté... Au lieu de cela maintenant, nous avons une petite phrase avec un smiley sur notre mur Facebook. Même plus besoin de noter la date dans notre agenda (même plus besoin d'agenda), les réseaux s'occupent de tout ! Dès que c'est l'anniversaire de quelqu'un avec qui nous sommes en contact, hop, une notification ! Et si on ne met pas un petit mot dans l'heure qui suis, rebelote. Nous sommes harcelés par les réseaux. Si on met un message sur LinkedIn mais pas sur Facebook, Facebook se déchaîne, nous assomme de notifications, jusqu'à ce que nous craquions. C'est alors qu'on envoie un message à notre responsable de stage de première année, qu'on a pas vu depuis 12 ans et qui ne fait même plus le même job que nous, ce qui n'a aucun sens. Mais quelque fois, c'est une belle occasion. L'occasion de reprendre contacte avec notre copine Amélie, qu'on a pas vu depuis 15 ans, on ne sait même pas pourquoi. On découvre qu'on a plein de choses à se raconter, qu'on est toujours super copines et ça c'est chouette !

     Le vrai problème des réseaux, c'est qu'avant, c'était les personnes qui voulaient marquer le coup qui prenaient du temps pour nous. Maintenant c'est à vous de prendre du temps... pour répondre à tous ces messages qui sont arrivés en pagaille sur votre smartphone.

     Mais au fond reconnaissons que toutes ces petites attentions nous font plaisir. Car on n'est pas tous obligé de céder à la dictature de Facebook ou LinkedIn et de cliquer pour envoyer un message. On peut aussi laisser passer la journée si cette personne ne compte pas vraiment parmi nos amis, si nous la voyons comme simple connaissance ou relation professionnelle. Alors oui, j'ai aimé que mon téléphone plante car il n'arrivait plus à charger tous les messages, passer 1 heure sur les réseaux sociaux à répondre à tous les petits commentaires de chacun... merci les amis !

     J'ai l'impression que le Facebook-anniversaire permet en plus de remplacer la fête d'anniversaire. Et ça c'est formidable ! Disons surtout que ça m'arrange grandement. Cela évite tout le stress de l'organisation, des préparatifs à n'en plus finir pour célébré le fait qu'il ne s'est rien passé depuis 1 an, hormis une ride de plus éventuellement... Il paraît que la fête d'anniversaire vient remplacer les anciens rites de passage. Avant, on célébrait les baptêmes, les mariages, les diplômes, les décès... C'est peut-être pour ça que j'aime étudier et passer plein de diplômes qui ne me servent à rien ; pour remplacer un hypothétique anniversaire... Et lorsqu'on est ni marié ni mort, il ne nous reste plus que ça à célébrer. En plus ça nous donne l'illusion d'être intelligent, c'est formidable ! D'accord, en réalité ce n'est encore qu'un moyen de consolider notre narcissisme bafoué. On dit surtout que fêter son âge aide à mieux vieillir. Merci papa, maman d'avoir zappé quelques uns de mes anniversaires. Grâce à vous je fais maintenant 10 ans de moins. Lorsqu'on cherche son premier job, ce n'est pas un cadeau, mais passé 30 ans tout le monde nous envie. Et ça, c'est un beau cadeau d'anniversaire.

     Internet me révèle que l'anniversaire est plus important pour les femmes que pour les hommes, qui y voient surtout une célébration narcissique. Bon ben voilà, j'ai toujours su que j'avais une bonne part masculine. À une époque où les liens sociaux sont un peu effrités, fragilisés, le rituel de la fête d'anniversaire permet de « tester » la solidité de ces liens, permet aussi de les renforcer en partageant ce moment ensemble.

     Bon, je vous laisser, je vais fêter mon anniversaire !

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10 février 2018

Le moment des présentations

     Les présentations... nous y voilà ! Ce moment affreux ou le prof se présente et conclu par un « on va faire un petit tour de table pour que je sache un peu qui vous êtes... », ce moment atroce où tout le monde vous fixe d'un air de dire « ben alors, vas-y, dis-nous, qu'est-ce que tu fou là ! », ce grand moment de solitude où d'un coup je ne sais plus comment je m'appelle et encore moins ce que je fais là ! À ce moment précis de ma vie, j'ai juste envie de m'infiltrer sous le linoléum telle une petite moisissure et de disparaître de la vue de tous.

     Deux secondes avant que mon tour n'arrive, il y a toujours la nana vachement sûre d'elle qui toute sa vie dans les moindre détails « j'ai eu un accident en 1998 en glissant sur une feuille morte, alors j'ai planté un potager dans ma cuisine et c'est beau » Moi, qui trouve ça un peu ridicule de raconter ça pour expliquer son choix de faire un MBA, cette présentation me met encore plus le doute. Plus je sens mon « moment » arriver, moins j'écoute ce que raconte les autres, trop occupé à me demander ce que je vais bien pouvoir raconter pour que ça passe le plus vite possible et que le prof me pose le moins de questions possible : « je dis mon âge aussi ou on s'en fou ? J'ai fait quoi avant ? Merde je ne sais plus comment s'intitule mon diplôme !! Qu'est-ce que je fais là ?? Oh, non qu'est-ce que je fais là ??? ».

     Lorsque vient mon tour, je doute tellement sur les infos à fournir, que je meurt d'envie de demander à mon voisin de me présenter. Problème : mon voisin ne me connaît absolument pas, il ne m'a d'ailleurs jamais vu de sa vie et même pas adressé la parole depuis qu'on est arrivé. Je suis aussi rouge qu'un vieux filet de saumon fumé à 3€ le kilo, je transpire, mon cœur s'emballe, je vais décéder dans la seconde. Je stresse autant que si je m’apprêtais à passer le Grand Oral de l'ENA ou une thèse de médecine.

     Bref je n'arrive pas à parler de moi car je ne sais pas trier les informations. Je ne sais jamais ce qu'il faut raconter, ce qui intéresse et ce qu'il vaut mieux garder pour soi. Alors est-ce que ça vous intéresse de savoir que je suis née à Paris un matin de Février ? Qu'enfant je voulais devenir Van Gogh ou Victor Hugo, (oui c'est bizarre...) ? Que j'ai vécu à Dublin, à Sydney, à Helsinki ? Que j'adore mesurer mes cheveux et je rêverais de savoir conduire un tracteur ? Et que lorsque je m'ennuie, j'adore errer dans Séphora sentir les nouveaux parfums ?

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